21 novembre 2006

Le Babuvati au bord du fleuve

Le Babuvati a repris le sac a dos et le bus local. Il se deplace mora-mora d'une place a l'autre en fonction de la frequence des bus et de la generosite des overland trucks (camions safaris transportant le plus souvent des jeunes anglo-saxons qui peuvent ainsi remonter de Cape Town a Nairobi) qui nous prennent en stop.
Retour au rythme lent des transports locaux, du rechaud a petrole, de la cuisine gamelle et des instant noodle (nouilles chinoises). Ce rythme convient bien a l'observation des oiseaux, des crocos, hippos et autres gentils occupants de l'Okavongo et de la Chobe River, que ce soit sous l'eau ou en dehors. Le voyage change d'allure aussi. Le Babuvati se deplace en prenant son temps.







Ainsi, apres les etendues arides et desertiques de Namibie, nous venons de passer deux semaines sur les rives des grands fleuves de l'Afrique Australe, a cheval entre la Namibie et le Botswana. Les jours s'y ecoulent au rythme des cours d'eau, tranquille et non chalant occuppes a observer crocos, hippos et oiseaux de toutes sortes.






Au contact du fleuve, l'intimite avec la nature se resserre, les sons surtout se font plus presents. Souffle puissant et braiement inquietants des hippopotames a quelques encablures de notre tente, sifflement du martin-pecheur, caquetement des oies d'Egypte arrivees depuis peu de leur long voyage, cri aigu de l'aigle-pecheur, martellement de differentes especes proches du pic-vert, croassement bruyant des grenouilles et crapaux et ettonant flappement des poissons-chats, battant par milliers la surface de l'eau de leur queue, technique de chasse sans doute millenaire, venant du fin fond de la riviere.






C'est vrai qu'etre assis en face de la riviere Chobe (affluent du Zambeze) a surprendre les hippos sortant la tete de l'eau et les entendre pousser leur cris, sont des moments tres agreables de dimanche apres midi pluvieux (la saison des pluies arrive a grand pas et on s'est deja pris un ou deux orages bien coriaces, du genre a vous tranformer la rue en riviere en 10 mns). Le Botswana est en effet un pays ou le cout de la vie coute tres cher, difficile d'organiser des choses tous les jours dans ces conditions-la avec notre budget. Nous aurons donc passer beaucoup de temps a bouquiner les "courrier international" et autres, a preparer la suite du voyage et a regarder la faune aerienne, terrestre et aquatique.









Etape a Sepupa avec Crocodiles Research




Avant les rives de la Chobe River (Nord-Est du Botswana, a la frontiere de quatre pays, la Namibie, le Botswana, la Zambie et le Zimbabwe), le Babuvati a fait une longue halte sur les bord de l'Okavongo Pandahle, a Sepupa, en cie de l'equipe de Crocodiles Research.

Cette partie du fleuve marque l'entree du celebre delta de l'Okavongo. Celui-ci est l'unique delta interieur au monde. En effet, le fleuve Okavongo, ne dans les montagnes angolaises, apres un parcours de 1430 km, vient se noyer dans les sables du Kalahari et se termine la, sans jamais atteindre la mer, formant un immense complexe de marecages, de canaux et de lagunes ou pullule la vie sauvage.
Le Babuvati n'y a pas mis les pieds, bien trop cher pour ses pauvres moyens !!!!


Mais il n'en est pas moins un sciapode bicephale chanceux car a Sepupa, il a pu se joindre (un petit peu) et assiter au travaux de l'equipe de Crocodiles Research.
L'equipe composee d'Audrey et Kevin a son camp de base au Sepupa Swamp Stop et, comme son nom l'indique, etudie les crocodiles du nil vivant dans le coin (le crocodile du nil se trouve partout en Afrique et meme a Madagascar, et ne se limitent pas a peupler le Nil). Audrey est une amie de Bati avec qui il a fait ses etudes de Bio a Jussieu, il y a quelques annees deja donc...
Retrouvailles etonnantes et joyeuses en plein milieu du Botswana, d'autant plus qu'Audrey ne s'attendait pas du tout a notre visite.




un petit colocataire sympathique a Sepupa.


Kevin et Audrey vivent donc ici, a Sepupa, et passent leur temps a accueillir des volontaires venant les aider (qui payent tres cher pour ca) et a bosser sur le cycle reproductif des crocos pour Audrey et sur leur regime alimentaire pour Kevin.





Pour etudier la bete, pas le choix, il faut l'attrapper ! Et c'est ce que nous avons eu la chance de faire par une nuit sans lune (enfin presque, ca c'est juste pour l'ambiance). La capture des crocos se fait en effet de nuit, car leur yeux qui brillent d'une lueur rougeatre sont facilement reperables sous les feux du spotlight, et de plus la lumiere de celui-ci les scotchent et ils sont ainsi plus faciles a attraper. Tout ceci se fait en bateau bien entendu.


Ainsi, apres un diner autours d'un feu de bois, nous nous embarquons, Thusso (un barman du camp), Audrey, Kevin, Georgina (une etudiante bossant sur les conflits entre humains et crocos qui vient de temps a autre rejoindre l'equipe), et le nous-meme, le Babuvati, pour aller pecher le crocodile.


Chacun a sa place dans le bateau. Pour commencer, Thusso, Vabu et Bati, les invites, sont a l'arriere, Audrey est au pilotage et Kevin et Georgina sont a l'avant, a l'affut des crocos. Georgina balaye la riviere de son spotlight pendant qu'Audrey remonte le courant doucement, Kevin se tient pret a chopper le crocos.
Des que Georgina repere les deux yeux rouges miroitant a la surface, le plus souvent non loin des berges, elle stop le balayage, garde le spotlight fixe sur le croco, Audrey fonce droit dessus, et Kev' se positionne...


Cela fait a peine 5 mn que nous avons quitte le ponton et Georg' bloque le spotlight.... Brrrr le moteur accellere, Georg' garde le croco fixe pour l'aveugler et l'empecher de s'enfuir, Kev remonte ses manches et la hop.... le spotlight s'etteind.... Thusso a maloncontreseusement debranche la fiche sur la batterire ! tant pis c'est rate pour cette fois-ci.


La traque reprend et nous n'attendons pas longtemps avant que le spotlight se braque a nouveau sur la berge... cette fois-ci pas de fausse manoeuvre, Kev' plonge ses bras nus dans la riviere et en ressort un petit crocos de 50 cm a peine.... c'est pas plus mal pour commencer.




Car une fois qu'un crocodile est a bord une longue procedure commence. il faut d'abord le musele a l'aide de scotch de chantier. Ensuite on le met sur le dos et Audrey effectue divers prelevements (urines, sang et sperme si c'est un male en age de procreer), puis on le mesure avant de le remettre sur le ventre, pour cette fois-ci prendre les mensurations de largeur de la queue, du corps et de la tete de la bete. Ensuite une petite pesee.

Viens ensuite l'heure de l'identification, soit le crocos n'a jamais ete peche et dans ce cas il est marque par un systeme de section des ecailles caudales (un code permet ainsi de leur donner un numero, tel ecaille correspond a tel nombre), soit si des ecailles sont sectionnees, le crocos est identifie puis relache.

Cette derniere operation peut etre d'une simpcilite extreme si le croco est petit et se complique plus la taille augmente. Pour notre premier crocos, c'est simple il suffit de le rejeter vers la berges et comme il pese a peine 1 kg pas de probleme, Bati peut s'en charger.


Apres un petite pause, Bati, puis Vabu se succedent au spotlight, mais malgre nos reperages, Kev' et Audrey n'arrivent pas a chopper les crocos que nous leur indiquons, qui pour le coup font plutot dans les deux metres. Le premier crocs' de Vabu est meme si gros qu'elle recule brusquement quand celui apparait dans son entier dans le faisceau de lumiere qu'elle parvient toutefois a maintenir sur l'enorme bete !






" TOO BIG" annonce Kev' ! 3.60 metres au moins ! Il faut savoir que l'equipe ne capture, generalement, pas les betes de plus de 3.5 metres.


Finalement Thusso prend le spotlight et il nous reperera deux crocos en tout. Un premier tout petit que Georg' se charge d'attraper a la main, et un second d'une taille deja plus respectable pour lequel Kev' utilsera une espece de perche se terminant pas un lassot en cable d'acier : 1.40 m, pas mal deja...





Apres cette derniere prise, Audrey nous annonce que nous allons faire demi tour et qu'il y a peu de chance que nous choppions d'autres bestioles, car la manoeuvre est beaucoup plus delicate en redescendant le courant. Nous reprenons quand meme le spotlight chacun notre tour et cette fois-ci c'est Audrey qui est au lasso et Kev' a la barre. Bati leve le meme croco que Vabu a l'aller et c'est vrai que la bete est grosse, Ouch, impressionnant !


Mais la grosse surprise vient de l'equipe Vabu-Audrey qui au dernier moment, a peine 1 km avant l'arrivee, nous font une superbe prise ! un beau male de 2.29 metre. Audrey est oblige d'utiliser la corde, une fois le croco attrape, celui se debat furieusement dans l'eau, Audrey est tire vers l'avant mais Vabu la rattrappe comme elle peut. Kev' enclenche la marche arriere et Audrey lache la corde qui est fixe au bateau. On tire le croco sur quelques centaines de metres afin de le fatiguer, ensuite Audrey, Kevin et Bati le sortent de l'eau non sans lui avoir noue une serviette autours de sa machoire claquant furieusement (c'est Audrey qui se charge de cette delicate mission, puis Kevin scotche le museau de la bete).


Nous (le Babuvati) sommes etonne par la relative legerete de la bete qui pour ses 2.30 metres ne pese que 40 kg. Apres les prelevements et les mesures de rigueur (qui vu la taille de la bete prennent un peu plus de temps), nous la relachons enfin, non sans prendre garde a ne pas se prendre un coup de son impressionante queue !


Derniere pause cafe sous les etoiles et la lune qui s'est levee entre temps, eclairant roseaux et papyrus d'une douce lueur rougeatre, puis cap sur le camp ou une petite heure de travail de labo nous attend (conditionnement des prelevement entre autre, ceux ci seront ensuite envoyes a l'universite de Stellenbosch, en Afrique du sud pour etre analyses), puis go to bed, la tete encore pleine d'ecailles et de machoires claquantes !


Voici le quotidien de nos amis Kev' et Audrey, exitant non ? A cote de ca il renonce a bien des petits conforts pour pouvoir vivre leur passion, mais c'est sur qu'ils sont diablement heureux !


Nous avons aussi la chance, lors de cette semaine, d'assister a plusieurs meeting organises par Georgina aupres des populations locales pour leur exposer les resutats de ses recherches a propos des conflits humains-crocodiles dans la region de l'Okavongo.



Lors de ces meeting, elle, ainsi qu'Audrey et Kevin, presente l'importance du croco dans l'ecosysteme du fleuve et la necessite de ne pas l'eradiquer.



Les habitants sont en effet confrontes a la bete toute l'annee, qui souvent attaque leur betail, mais parfois aussi une femme faisant la lessive, un pecheur, ou des enfants jouant dans l'eau.









Malgre cela les villageois sont interresses par les propos de nos universitaires et sont sensibles aux solutions qu'ils tentent d'apporter. Malheureusenent, la question des fonds reste cruciale et l'equipe de crocodiles research n'en dispose d'aucun pour ce type de projet, d'ou une certaine frustration de la part d'Audrey, Kevin et Georgina et un desabusement amuse des villageois.


Mais, a priori, un etudiant botswanais devrais travailler uniquement sur ce probleme des l'annee prochaine et il faut esperer que de vrais solutions seront trouvees. Car pour le moment les seuls conseils concrets que peuvent donner nos trois protecteurs du crocos, ce sont des regles de bon sens.


Ces meeting nous permettent aussi de renouer avec l'Afrique du quotidien, de retrouver le contact avec les gens et de pouvoir nous rendre compte de leur facon de vivre.



A ce titre, les meeting sont tres interressants car tous les villageois y participent et peuvent s'exprimer, apporter leur idees, suggestions ou contestations et il en est de meme pour tous les problemes touchant la communaute. C'est donc une veritable democratie participative.





La ou le bas blesse un peu, c'est que, une fois n'est pas coutume, le gouvernement botswanais est riche, tres riche meme, et les habitants du pays disposent de tout gratuitement (sante, education, maintenance de l'eau de l'electricite, etc...). Ou est le probleme me dirait vous, nous avons la meme chose chez nous. Oui mais la, du coup, il semblerai qu'ils attendent tout du gouvernement et se laissent assister sans chercher a progresser. Ainsi, une des solutions concretes proposees pour eviter les attaques de crocos est de construire des especes d'enclos dans la rivieres empechant les sauriens de passer. Pas simple, mais pas impossible non plus, et le cout n'en est pas forcement trop eleve (environs 250 euros en comtant la main d'oeuvre, donc si les villageois la construisaient par eux-memes...). Mais non, ils veulent que cela soit le gouvernement ou des associations qui le fassent.
Autre exemple assez deprimant. Une association avait ainsi paye tout le materiel necessaire a la construction d'une piscine en riviere pour permettre au enfants d'un village de se baigner en toute securite. Le materiel avait ete achemine au bord de la riviere et les responsables de l'associations ont dit aux villageois, voila, tout est la, a vous de jouer maintenant !


Et bien le matos est toujours la, en train de pourir au bord de la riviere....


Voila, c'est fini pour cette etape au bord du fleuve, demain vous aurez sans doute un petit appercu de quelques deceptions par rapport a cette partie de notre periple (et oui, il y en a)...


Mais pas d'inquietude, tout va bien et la motivation est la !

Encore quelques photos pour finir



Gamins curieux







Jeux stupides autours du feu. Notez qu'a ces jeux le Babuvati est imbatable !


Gerg' et Kev' apres quelques bieres !

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