16 février 2007

L'Ouganda, la saison des pluies, le reve africain et sa realite



Comme Winston Churchill qui, apres sa visite de l'Ouganda en 1907 declara avoir decouvert la perle de l'Afrique, ce petit pays nous a profondement plu.

Qu'est ce qui fait qu'un pays vous touche plus qu'un autre ? Qustion difficile et sans doute sans reponse. Les Ougandais sont sympathique mais pas plus que les Zambiens, certains Kenyans et d'autres Tanzaniens. Et que dire des Malgaches !
Les paysages du pays sont magnifiques, mais la encore, que ce soit en Namibie, a Mada, dans la vallee du rift a la frontiere Kenyo-tanzanienne ou lors de la descente du Mont Kenya vers la vallee de Chogoria, nos yeux en ont deja pris plein les mirettes. Certes on ne s'en lasse pas, mais ce n'est sans doute pas pour cela, ou que pour cela, que ce pays nous a touche au coeur.

Peut-etre est ce parce qu'en allant en Ouganda, nous avons quitte les plaines de l'Afrique de l'est pour nous approcher de l'Afrique centrale. On sent une difference. Les peaux se font plus sombres, le climat plus humide et la vegetation plus dense.

En Ouganda nous avons approche les frontieres de pays mythiques et innacessibles, malheureusement a cause de leur instabilite politique : Congo-Zaire, Soudan, Rwanda. Des pays, surtout pour les deux premiers, ou un voyage releve plus de l'expeditionm et dont les Terres s'enfoncent loin au coeur du Continent, et meme, pour les deux geants, de l'autre cote. l'un a l'ouest, l'autre au nord.




Nous avons vu apparaitre devant nous, au detour d'un virage, l'extremite de la majestueuse chaine des Virungas, ces sept volcans qui marquent la frontiere entre l'Ouganda, la RDC et le Rwanda, au coeur du rift Occidental. Nous avons reve aux pygmes traversant les jungles impenetrables en recouvrant les flancs, insouciant des frontieres du monde moderne.




Nous avons nous meme traverse la foret pluviale de Bwindi, qui avec la chaine des Virungas, toujours elle, abrite les derniers gorilles des montagnes. 600 en tout ! Et tout au long de cette traversee, accompagnes de trois porteurs et de deux gardes armes, comme au vieux temps des explorateurs, nous avons espere et imagine l'apparition de notre lointain cousin...
En vain !
Mais l'exitation de le savoir si pret suffit a rendre le souvenir imperissable.






un groupe pret a partir traquer le gorille. Pour un tel privilege chacun doit debourser 375 US$, et est autorise a rester au maximum une heure a proximite des primates. On distingue la silhouette de Bati dans le groupe, mais 2 mn apres la photo, nous laisserons ces heureux elus poursuivre leur chemin vers les gorilles et nous, nous miserons sur la chance... qui cette fois-ci ne fut pas eu rendez-vous.





A defaut de gorilles nous avons pu appercevoir d'autres cousins, les chimpanzes, a Pabidi dans le Nord, et dans la foret de Kibale, lors d'une excursion-pirate en motocyclette, a l'ouest du pays.
Moment magique lorsque le clan tout entier se met a hurler au coeur de la foret, signalant notre approche. Entendre leur cris, les branches qui se plient sous leur poids a la reception de leur saut, cela est peut etre encore plus impressionant que de les voir !


celle-la, elle n'est pas vraiment de nous (photo d'une photo)








Nous avons roule ou marche au milieu de myriades de papillons multicolores.





Nous avons campe au milieu des singes colobes noirs et blancs, colobes rouges, vervets et de superbes oiseaux aux couleurs et aux formes extraordinaires.







Campement magique que ce petit site aupres du lac NKuriba, tenu par la communaute et plus ou moins dirige par Patrick, un jeune Ougandais motive pour developper sa region autours d'un tourisme equitable et de partage.



Le soir nous dinions avec Erik, un jeune suedois, et Julien, un francais qui entame un tour du monde d'un an, a la lueur des lampes a petrole, nos discussion parfois interrompues par les cris des collobes et nous regalant de delicieux chapati accompagnes de guacamole maison.








Enfin, nous avons navigue sur le Nil, tout jeune encore, au milieu de crocodiles enormes et de centaines d'hippopotames, et imagine le long chemin qui l'attend encore au milieu de ces terres tropicales et ensuite des sables du desert, pour finir doucement sa course borde de sites multimillinaires.








Les conditions de transports ne sont pas faciles en Ouganda. La plupart des axes sont des pistes de latterite si poussiereuses que la vegetation les bordant n'en est plus verte mais rouge ! Allez d'un point a un autre, proche a vol d'oiseau, peut vite prendre une journee et demande parfois de changer trois fois de matatu, ces petits vans surcharges. Pour la premiere fois aussi nous sommes partis d'un partis d'un point A a un point B a pied et avec tout le fatras (et des porteurs certes).


Souvent, nous avons laisses la chance faire. Comme au Murchison Falls, ou notre rencontre avec deux indiens et leur chauffeur nous a permis de voir les chutes de plus pret et de nous rendre a Pabidi en evitant un trajet en matatu de presque un journee entiere ! Ou encore, lorsque louant une moto pour traverser la foret de Kibale, n'esperant qu'appercevoir quelques collobes, nous avons eu la chance de voir trois chimpanzes sur le bord de la route (d'ou le nom d'expression pirate donne plus haut).
Cette chance qui ne nous a pas quitte de tout notre sejour a sans doute participe a notre coup de coeur !


Nos deux amis et leur chauffeur qui nous ont permis de voir les chutes.
Philip et son frere ont du quitter l'Ouganda, en 1973 quand Amin a donne 90 jours a la communaute indienne pour quitter le pays.

Le climat lui non plus n'a pas toujours ete facile. Une semaine entiere ou, chaque jour, une grosse pluie tropicale venait nous surprendre au moins une fois dans la journee. Nos affaires trempees ne sechant jamais.

Ces conditions quelques peu difficiles sont peut etre, elles aussi, a l'origine de notre attachement a ce pays. En y circulant, nous avions parfois l'impression d'etre veritablement au fin fond de l'Afrique, celle des pistes de laterite rouge aux plafond d'un vert vegetal intense, celle de ces pluies dilluviennes qui transforment en un instant les rues de Kampala en torrent, cette afrique aux mille collines baignant dans la brume de matin et au rift s'ouvrant sur des dizaines de lacs.








En fin de compte ce pays est celui du fantasme : comment ne pas rever a l'evocation des sources du Nil, a celle des Monts de la Lune, le massif des Rwenzori dont les sommets culminent a plus de 5000 metres et que Ptolemee mentionnait deja au IIeme siecle, ou encore a celle de ces jungles noyees de brume, au coeur desquelles vivent gorilles et chimpanzes !

Et, fait rare, la decouverte de ce pays n'a pas dissipe ces fantasmes. Au contraire, elle les a exacerbes, les a nourris et a prolonge le reve...


Un petit bestiaire complementaire :


Libellule au lac Nkuriba


Un collobe noir et blanc faisant le guet au campement du lac Nkuriba


Heron gris sur les bords du Nil, Murchison Falls


Famille d'Hippopotames a Murchison Falls

Crocodile du Nil, au bord du Nil, Murchison Falls


Cigognes et Hippopotames, Murchison Falls



...

Bien sur, cette description exaltee ne doit pas faire oublier les realites du pays. Alors que Kampala est reputee pour accueuillir l'une des meilleures universites de l'Afrique de l'est, la scolarite dans les campagnes semble encore tres reduite. Nous croisons regulierement des petits bergers, ages de 10 ans a peine, et lors d'une panne d'autocar, l'un des mecaniciens devait avoir 12 ans a tout casser. Comme partout ailleurs en Afrique de l'Est, l'education coute cher et, ici, meme l'ecole primaire est payante.


Un jeune garcon chargeant un velo de regimes de bananes vertes dans le district de Fort Portale. Cette region produit l'essentielle des bananes vertes du pays, et meme de l'afrique de l'est.
En Ouganda, la banane est l'une des bases de l'alimentation, preparee essentiellement en matoke, sorte de puree tres compacte accompagnee soit de legumes, soit de viande en sauce.
L'Ouganda reste un pays a l'economie essentiellement agricole. Les produits phares etant la banane verte, destinee a l'exportation regionale, et le cafe et le the pour l'exportation internationalle. Les paysans pratiquent aussi une agriculture vivriere : songe, patates douces et manioc essentiellement.


Femme au marche pres du lac Nkuriba, region de Fort Portale, preparant des beignets de pommes de terre, banane verte, manioc, etc...


Sur la route qui nous mene de Masindi a Butiaba - 80 km, 4 heures - plusieurs jeunes femmes montent dans le matatu avec leur bebe. Jeunes femmes ici signifie entre 13 et 15 ans. Autant dire des gamines qui ne doivent pas comprendre grand chose quand elles tombent enceinte. Bien sur, la plupart arretent l'ecole a ce moment la, quand elles y allaient auparavant. Dans la region de Fort Portale, lors d'une de ces nombreuses averses qui nous ont surpris, nous sommes heberges par Beatrice, 17 ans, un pere banquier, et un jeune garcon de 2-3 ans. Nous lui demandons ou vit le pere de l'enfant. Il est mort. Elle ne sait pas de quoi. Nous avons du mal a ne pas penser au sida, qui comme partout en Afrique, fait ici des ravages.
Les enfants sont partout, des multitudes, souvent en guenille, presentant des signes de malnutrition ou d'autres maladies, comme des pelades. Selon le president, c'est dans cette multitude que reside la future force du pays. Mais quelle force peut bien reprentee une multitude sous-eduquee et dont la moitiee est destinee a devenir mere a 15 ans ou avant ?
Ici, une femme sur cinq a deja eu recours a l'avortement. Illegalement. Il faut grossir les rangs.


Femmes rentrant de Kabale a leur village pres du lac Bunyonyi, un trajet de 9 km, avec un montee bien bien rude. Les femmes ici comme ailleurs en Afrique sont souvent le pilier de la petite economie rurale qui fait vivre les familles... nombreuses.

La situation politique est un autre probleme. Le president actuel est au pouvoir depuis 1986, annee ou il acceda au statut supreme apres 7 ans de guerrilla qui avait suivis les 8 ans de la dictature d'Amin Dada, responsable de la mort de 300 000 personnes. Depuis 2005, le multipartisme est a nouveau autorise, auparavant les opposants pouvaient se presenter lors des elections mais en tant qu'independant, donc sans soutien financier de la part de leur partis. La democratie s'installe donc, mais doucement, tres doucement. Et jusqu'a tres recement, le nord du pays etait encore en etat de guerre civile, les milice de l'armee de la resistance du seigneur faisant regner la terreur dans les populations (nous avons reelement decouvert cet aspect de l'Ouganda a travers une exposition de photographie couvrant l'actualite africaine de 2005-2006 a l'alliance francaise de Nairobi, en Ouganda les autorites preferent ne pas trop parler de ca). Le 4 avril 2006 les dirigeant de cette guerilla ont annonce la cessation des hostilites.
Enfin, la proximite de pays a la stabilite precaire comme le Rwanda, la RDC et le Soudan en fait un point chaud du continent.


Une rue de Kampala, non loin de la gare routiere. Toujours encombrees de Matatu et de boda-boda - taxi-moto - les rues de la capitale sont un veritable defi pour le pieton qui doit supporter les gaz d'echappement et prendre garde de tout cote : ici les pietons sont les derniers avoir la priorite !


1 commentaire:

Guillaume a dit…

Bonjour et merci pour cette très belle description de votre périple.

J'ai passé moi-même deux mois (en stage) en Ouganda à l'été 2001, Museveni était déjà là... Cela m'a fait très plaisir de retrouver le vocabulaire (je prenais le matatu tous les matins) et ces motos (boda-boda) sur lesquelles on se déplace à trois...

Je me souviens aussi de cette élection de Miss Uganda sous une immense tente, avec ma Toyota Corps Diplomatique pourrie j'avais pu me garer dans le parking des officiels ; ma collègue de travail était la colocataire d'une participante si bien que le lendemain j'ai été invité à une soirée au milieu des miss ! C'est aussi ce soir-là où nous avons été pris à partie par des flics qui nous ont traités d'espions faute d'avoir pu présenter nos papiers, pendant que nos amis burundais et rwandais se prenaient des claques dans une pièce derrière nous.

Mais ce pays est magnifique, notamment les rives du lac Victoria, la route qui court vers l'ouest où les collines sont couvertes de thé et les lacs des parcs de l'ouest. Et j'avais adoré le Mweya Safari Lodge. Nous n'y avions pris que le petit-déjeuner faute d'avoir les moyens d'y rester ! Quant au trajet du retour, en bus, là encore c'était un grand moment de constater que bien qu'étant les plus gros et chargés de passagers, nous avons doublé (voire triplé) tout ce qui se trouvait devant nous.

Et comme vous le dites très bien dans ce billet aux splendides photos, s'approcher des frontières de la RDC, c'est comme voyager sur le train d'Out of Africa.