15 février 2007

Nairobi... un modele africain ?



Nous sommes de nouveaux a Nairobi. Oh, pas pour longtemps, juste le temps de remettre nos aventures et decouvertes a jours, de faire un peu de logistique et d'organisation (lessive, demande de visa) et de se reposer un peu avant de partir pour explorer un des pays les plus singuliers du continent, l'Ethiopie.

Ca nous laisse un peu de temps pour profiter de cette ville, si souvent decriee et decrite comme une des plus dangereuse d'Afrique, voire du monde. On ne va pas nier ce fait - meme si pour notre part tout va bien - mais il faut aussi ressituer les choses, Nairobi n'est pas qu'un coupe-gorge. De ce que nous avons vu pour le moment c'est sans doute la ville la plus dynamique de l'Afrique de l'Est et Australe. Meme Cape Town en Afrique du Sud nous semble un cran en-dessous et, surtout, ici ce sont les Africains noirs et non la communaute blanche qui tiennent le haut du pave (bon les blancs qui sont ici ont des tunes aussi, c'est certain, mais ce que nous voulons dire par la, c'est que contrairement a Cape Town, ici la majorite des cadres croises dans la rue sont des noirs et non des blancs). Et ca fait vraiment plaisirs de voir une Afrique en marche, economiquement et socialement. Car, autre singularite, ici de nombreux cadres sont des femmes (deux bemols a cette remarque, elles restent tout de meme une minorite, et nous en avons aussi rencontre a Kampala).



Le centre d'affaire a un petit air londonien, avec ses vastes avenues, ses grands hommes d'affaires aux costumes trois pieces noirs, attaches-case, a la classe fatidique pour les yeux de Vabu (mais Bati n'est pas en reste, les jeunes nairobiennes sont plutot dans le top du feminin), ses monuments officiels de style victorien et ses hautes tours de verre. On y croise meme de vieux taxi noir de l'entre-deux guerre, style grosse voiture de collection. Les restaurants y sont nombreux, remplis d'une foule de kenyans, priviligies certes, mais nombreux ici. Les librairies sont fournies de tous les ouvrages dont l'on peut rever et on y rencontre des etudiants venus de toute l'Afrique, voire meme de plus loin, comme Erik, jeune rwandais qui etudie en Allemagne et qui etait la pour un cycle d'etude de 5 mois, assis juste a cote de nous, dans le cybercafe gigantesque (au moins 60 postes, avec connection satellite) duquel nous vous ecrivons. Bien sur, tout cela ne doit pas faire oublier la realite du pays, dont nous avons deja parle precedement, mais tout de meme, ca fait plaisirs de voir une societe en marche, le tout attable a la Java House, cafe du centre a la mode, devant un delicieux capucino ou un expresso bien corse.




Car, il faut bien le reconaitre, apres 7 mois de voyage, de temps a autre, une certaine fatigue se fait ressentir, une envie d'Europe, de confort, de proprete et de prosperite ! Tout cela, le centre de Nairobi et son quartier des ambassades, telle une bulle au milieu d'un continent magnifique mais immensement pauvre, vous l'offre et ca ressource un peu ! N'aller pas croire que notre motivation a chute, le Babuvati est vraiment impatient de partir pour l'Ethiopie et ses mysteres, mais une petite pause, ca fait du bien.



Hier, nous sommes alles acheter nos billets pour l'Ethiopie. Pour cela il faut se rendre a Eschtley, la banlieue est de Nairobi. Du bas de notre guesthouse, dont le quartier situe a une centaine de metre du centre est deja bien plus africain que ce dernier, on s'embarque dans un camion Isozu reconverti en bus, Matatu Line 9.



En un petit kilometre, on sort de la bulle et on se retrouve dans la banlieu tantaculaire de Nairobi. Maisons basses de beton nu, rue encombrees de Matatus a la circulation anarchique - a chaque rond point, l'assistant du chauffeur est oblige de descendre pour faire la circulation - tireur de carioles chargees de pneus de camion, ou de dizaines de cartons, circulant au milieu des gaz d'echappement, foule a pied qui brasse sur le bord de route. Fini les costards-cravattes et les tailleurs chanel, a nouveau les gens sont habilles de vieux habits de seconde main, les femmes sont en boubou ou voilees jusqu'au yeux, les etals de marchandises issues de tous les trafics possibles bordent et encombrent les rues !



On descend a la 10eme rue, une piste de terre et de boue qui s'engage entre de vieux immeubles decrepis. Les enseignes des echoppes sont en Amharique, apparement cela doit etre le quartier ethiopien. On se sent a nouveau bien etranger, les regards ne sont pas forcement sympathiques, plus insistant en tout cas, surtout pour Vabu (qui n'a mis sa bourka). On fini par trouver l'office de la compagnie Moyale Express (Moyale est le poste frontiere entre le Kenya et l'Ethiopie).



- Combien de temps pour y aller ? 24 heures. Ok.
- Combien ca coute ? 2000 shilling chacun (22 euros).
- A bon, on nous avait dit 1500.
- Non, non, c'est 2000.
- Ok (pas bien dur en affaire le Babuvati, mais on n'avait pas specialement envie de s'attarder dans le coin)
- C'est un bus ?
- Non, un Matatu.
- Ah (merde)
- Et pour les bagages, c'est gratuit, hein ?
- Ouais, presque. Vous avez des gros sacs a dos de Mzungu (blancs).
- Bah oui, mais c'est pas plus gros que vos millions de marchandise...
- Bah ca sera peut etre 50 ou 100 shillings en plus...
- ok, on verra
- A samedi alors
- oui, bye !

Et hop, la transaction effectuee on quitte vite fait le quartier non sans apprecier un petit attroupement autours d'un saltimbanque juche sur ses echasses... bien accueuilli semble-t'il. Matatu 6, et hop, retour a notre petite bulle !

Cette petite aventure illustre bien les paradoxes dont on vous a deja parle et la rupture existant entre une toute petite partie de la societe kenyane et le reste du pays. Ce matin on est alle chercher nos visas (une journee est necessaire pour ceux que ca interesse). A nouveau changement d'atmosphere. quartier des ambassades, residences privees au gazon impecable, coupees du reste du pays par de haute-grille et surveillees par des cie de securite privees, le Kenya du bond cote quoi.
Sur le chemin nous croisons l'escorte presidentielles, une dizaine de mercedes et de bmw noires et flambant neuves lancees a vive allure sur l'avenue Kenyatta, remplies de garde du corps en costume de luxe, et encadrees par une seconde escorte de motards... president est un metier dangereux dans un pays ou la fracture sociale est un gouffre !

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