12 juin 2007

Départ pour le Mali

Salut à tous,

Nous partons pour le Mali, après près d'une semaine à Bobo Dioulasso au Burkina. Cette ville est trop agréable, les habitants (sauf les quelques chasses touristes) sont vraiment charmants, et on a trouvé un cyber efficace pour mettre à jour le blogus, au programme 3 nouveaux postes
- Réflexion sur le tourisme
- Sous les étoiles du Niger
- Fidele, l'infirmier et plus
Si vous venez par ici, on vous conseille le Zion, pour dormir, manger, bouquiner et se reposer à l'ombre des manguiers. Décidemment le Babuvati dès qu'il trouve un endroit sympa et reposant a bien du mal à en repartir ! Et aussi le " Le paradis du jus de fruit", une petite échoppe ou Idrissa propose des jus frais et plein de vitamines ( ce qui rare en Afrique de l'ouest tropicale, ou pourtant c'est gavé de fruits), vous pouvez le trouver sur la route de l'hôpital, en face du cyber-poste.

On vous embrasse et à bientôt
Le Babuvati

08 juin 2007

Fidele, infirmier et plus

Au Togo, nous avons eu l'occasion de visiter un dispensaire, tenu par Fidele, infirmier de son état et d'état, très heureux d'accueillir une consoeur.


Consoeur.....pas tant que ça, Fidèle fait plutôt un métier de médecin généraliste, la formation de sept ans en moins. Une expérience et une formation continue soutenue viennent l'épauler dans sa tâche. Formation qui essaye de standardiser les conduites à tenir en fonction des diagnostiques cliniques, les analyses de laboratoire étant impossibles à réaliser dans un petit dispensaire tel que celui-ci. Les cas qu'il juge plus graves sont transférés en taxi (si la famille a les moyens) à l'hôpital régional le plus proche.

On lui demande également de former son aide-accoucheuse, qui presque bénévolement suit une formation de terrain et remplace Fidele quand celui-ci est en stage ou en repos.



Il gère aussi l'établissement et son budget (il faut préciser que l'établissement se doit d'être financièrement autonome, seul le salaire de Fidèle est à la charge de l'état togolais, pour le reste... il se démerde). Attention, dégageons nous de notre vision des hôpitaux français, le dispensaire a 6-7 lits d'hospitalisation. Une chambre de 2 lits pour les adultes, une chambre d'attente avant l'accouchement qui accueille aussi les enfants malades. Il y a également une pièce d'accouchement et deux bureaux de consultations. Un pour Fidele , un pour Gisèle et ses consultation pré-natales.


Gisèle s'occupe donc des consultations pré-natales et vaccinations des nourrissons. Ce programme est subventionné par l'Etat ou l'OMS (certainement les deux, nous n'avons pas très bien compris). Toutes les femmes des villages environnants sont sensées venir en consultation pré-natale 2-3 fois durant la grossesse puis venir vacciner leurs mômes par la suite ( pas d' echographies, rappelons que la surveillance de grossesse est purement clinique, pour cela Gisele s'appuie sur une grille d'évaluation des risques). Ce programme est bien suivi et si une femme ne se présente pas au rendez vous, un réseau de surveillant dans chaque village va lui rappeler qu'elle doit se rendre au dispensaire. Durant le troisième trimestre de grossesse, les femmes sont sous prévention anti-paludique. Dans le dispensaire, beaucoup d'affiches sous forme d'images sur la prévention du paludisme, HIV et des diarrhées chez l'enfant.



Après les consultations, Fidéle court en ville sur sa moto personnelle afin d'acheter les médicaments nécessaires aux malades, qui sont payés par le patient lui-même. Fidele gère les soins infirmiers techniques des personnes hospitalisées mais c'est la famille qui gère le confort du patient (toilette, drap et repas)



Difficile de ne pas être frustrée en tant qu'infirmière occidentale de voir le peu de moyens qu'ils ont et d'accepter la fatalité !! C'est souvent la même histoire .....
Mais à voir la motivation de Fidèle et de Gisèle, ça force le respect. Leur travail demande beaucoup de disponibilite (ils travaillent plus que 35 heures par semaine) mais le rythme journalier n'est pas le même que dans un service de réanimation médicale non plus. Que pouvons nous apporter à notre petit niveau, des médicaments, une ralonge de leurs budgets... je ne sais pas quelle est la façon d'aider la plus positive.

La façon la plus durable, serait d'incarcérer la ministre de la santé qui met dans sa poche les millions de dollars affrétes d'urgence contre le sida par l'OMS, ou de briser l'impunité de ce genre d'action. L'OMS ou l'Union européenne donnent beaucoup de fonds ( qui viennent de nos împots) pour divers projets de lutte contre le Sida par ex, mais une bonne partie part dans la corruption ( vos împots supportent la corruption !!). Ces organismes le savent fort bien. L'argent qu'ils donnent, c'est pour faire bien et se dédouaner d'une quelconque morale. Mais ce qu'ils pourraient faire de mieux, c'est de contrôler ou va leur argent et s'il est bien pourvu a soulager les populations et non le compte en banque de tous les intermédiaires locaux !!!!! Puis à plus long terme, le mieux serait que ces pays dits pauvres soient autonomes financièrement mais cela est une autre affaire. Nous parlons comme ça mais nous avons l'impression d'être comme tous ces gens qui intellectualisent le débat mais qui, à notre échelle du moins, n'ont pas d'idées d'actions (un peu comme nos politiciens).

La vie et surtout la mort sont tellement normales ici que souvent la fatalité d'un décès ou d'une maladie, c'est inch'allah. Certes mais souvent le problème vient de la non éducation des femmes, qui sans le savoir peuvent faire courir des risques à leurs enfants. L'éducation des femmes serait à mon avis la première chose à faire pour que des risques sanitaires simples soient évites (conservation de l'eau, suivi des vaccins, premiers soins par rapport aux fièvres par exemple). Elles ont l'esprit pratique, a n'en pas douter mais elles ont peut être perdu entre generations leurs savoirs africains parfois remplacés par des croyances en la magie des blancs (telle cette femme éthiopienne qui voulait absolument du collyre pour nettoyer les yeux crottés de son enfant, mais pour qui il était hors de question de se le préparer elle-même avec de l'eau bouillie et un peu de sel... le collyre doit être breuveté "Magie des Blancs") ou des pratiques provenant d'une éducation à l'occidentale mal comprise (comme ces femmes faisant leur toilette intime à l'eau de javel !). Gwen que nous avons rencontré, organisait des groupes de paroles avec des femmes et ce type d'initiative permet de pointer les mauvaises habitudes ou croyances érronées et permet de rectifier le tir. Une solution serait aussi que ces femmes se réapproprient leurs savoirs ancestraux. Je signale qu'il y a beaucoup d'associations que des femmes africaines gèrent et qui supportent l'épanouissement et la promotion des femmes africaines.

Nous avons eu aussi l'occasion de parler du HIV avec Fidèle qui pense que les mentalités sont longues à changer, entre les envoutements (pratique animiste encore très présente au Togo) et la peur de se faire mal voir au village car tu as acheté des préservatifs (ce qui veut dire aller chez les "putes" dans l'imaginaire collectif, ça aurait été le même problème en France il y a 50 ans) , le chemin risque d'être encore long. Nous avons eu l'occasion de discuter de cela sérieusement avec Fidèle et une autre personne. Celle-ci avait une connaissance très partielle des vecteurs de transmission du HIV mais même après notre petit briefing, il n'était pas vraiment convaincu car la culture et le mode de pensée sont vraiment trop différents. Disons que l'esprit cartésien n'est pas vraiment d'actualité en Afrique (nous reviendrons peut être sur les différentes perceptions de la réalité dans un autre post, car ceci n'est pas une critique, juste une constatation qu'un mode de pensée n'est jamais universel).


04 juin 2007

Sous les étoiles du Niger



Titre poétique pour un pays de contemplation. Point d'étoiles sur le blog (mais un gros soleil, eheh, quoique, le soleil c'est une étoile, non ?), mais des images pour se laisser porter.
Quant à nous trois (Romain était de la partie), les étoiles ont bercé nos nuits durant deux semaines passées en compagnie d'Issouf et des Touaregs de l'Aïr.
Une vie entre la voute céleste, le désert et la fraicheur des oasis... comme dans un autre temps, comme en dehors du temps en fait.
De toutes les manières, par 45°C, le temps, lui, s'arrête, et les hommes et les femmes n'ont d'autre choix que plier devant sa volonté.
Voici le Niger comme nous l'avons vécu : Chaleur, Léthargie et Poésie.



Portraits de famille


Issoufou and co.

Lors de notre séjour à Agadez, nous avons été accueillis dans la grande concession familiale du père d'Issoufou. Accueil extraordinaire par tous les membres de la famille, des plus petits aux plus grands, des femmes comme des hommes.

La concession est habitée par El Hadj ou M. Tchabe (il est surnommé El Hadj comme tout musulman qui a accompli son devoir de pèlerinage), ses deux derniers fils Abuda et Issoufou, et toute une tripotée de gamins et petits enfants. Les deux plus âgées des petites filles sont là pour aider les femmes (celle de El Hadj et Maryama, la femme de Abuda), et éduquer les plus petits enfants (et il y a du boulot, vu l'energie qu'ils ont !) ...
















... Et aussi quelques moutons



Les Tchabe sont une famille de forgerons, et tous les hommes travaillent dans la fabrication et la vente de bijoux, mais essentiellement à l'export. (pour ceux ou celles que cela intéressent vous pouvez avoir un apperçu des différents modèles sur le site http://voyagesdansl-air.hautetfort.com, un nouveau site est d'ailleurs en préparation). Nous avons donc eu l'opportunité de les voir au travail.








Issoufou a aussi de nombreux parents à plaisanteries (cousins) :




Celui-ci, c'est Ibrahim et le pauvre Issouf a du fil à retordre pour contrer ses taquineries !


Bati et Romain

Le Niger a aussi été le lieu de retrouvaille de deux parents à plaisanteries après plus de deux ans loin l'un de l'autre !

Aussitôt, ils ont repris leurs activités communes préférées :


dormir et manger


Il n'y a pas de photo devant la binouse car au Niger on doit faire ça en cachette. Et quand on voit le résultat, on comprend :


Et quand même, malgré la chaleur, les deux compères ont pu se livrer à leur véritable passion, la grimpette de rocher, qui a laissé notre ami Abou assez sceptique.




Au coeur de l'Aïr









et de ses jardins.



Havres de vie, d'eau et de fraicheur au milieu du désert. Leurs rigoles et canaux alimentés par l'eau du puit remontée par le chameau.





L'eau est bien sûr la denrée la plus précieuse dans ces contrées qui au premier abord parraissent asséchées.
Le Babuvati et son compère, le Ti-père Romain, ont bien cru qu'ils allaient devoir boire l'eau de la chèvre cinq jours durant


Et oui, quoi de plus pratique : prenez une chevre de taille moyenne, tuez-la, evidez-la (chair, viscères et ossature). Couturez les extremités et remplissez d'eau. Laissez pendre au bout d'une ficelle, au vent, et vous aurez une eau fraiche, garantie !!! C'est le frigo touareg.

Heureusement pour nos âmes et estomacs sensibles, Bati a trouvé d'autre moyen de se procurer de l'eau : tournez la pompe !




Réflexion sur un tourisme mal géré

AVERTISSEMENT : Ceci n'est pas une somme de refléxions ordonnées mais plutôt une série d'impressions, non exhaustive, concernant essentiellement la mauvaise gestion du tourisme en Afrique, ses causes et ses conséquences.


La scène se déroule dans un petit village du Niger, mais pourrait prendre place n'importe où en Afrique.
Un groupe de touristes observent plus ou moins attentivement une femme fabriquant une grande jarre en argile. C'est une démonstration et la femme a arreté ses autres activités pour se consacrer aux touristes. La démonstration dure environs 10 minutes, un quart d'heure. La femme, bien sûr, trouvera une utilité commerciale au canari fabriqué en express pour les touristes.



La démonstration prend fin, les touristes se lèvent et remercient chaleureusement. Leur guide leur glisse à l'oreille que cela ne suffit pas et qu'un cadeau est attendu. C'est naturel, une prestation mérite salaire, ce dernier mot aurait d'ailleur plus de dignité que cadeau mais bon... passons.

Un des membres du groupe donne donc une pièce de 500 francs CFA à la femme, soit 80 centimes d'euros, l'équivalent d'une demi-journée de salaire. C'est beaucoup, mais il est difficile de donner moins, la plupart des touristes qui n'ont aucunement conscience du salaire moyen au Niger donnent beaucoup plus. Et effectivement, cela ne manque pas, le guide fait vite remarquer que vraiment 500 francs ce n'est pas beaucoup, la dernière fois les touristes qui sont passés ont laissé à la femme... 5000 francs. Soit, vous avez bien calculé, 5 jours de salaires moyens pour 10 minutes de travail (ca bien sûr le guide ne le précise pas).

Certains d'entre vous seront peut être choqués que ces touristes (ceux qui ont donné 500 francs) profitent du faible niveau de vie du pays pour ne donner qu'une si petite somme. C'est une façon de voir les choses. Mais il faut aussi savoir que donner des sommes disproportionnées en comparaison du niveau de vie du pays est la meilleure façon de déstabiliser complétement l'économie et la vie sociale d'un village, et c'est malheureusement ce qui se passe dans la plupart des cas.

Le tourisme en Afrique présente ainsi plusieurs problèmes assez conséquents. En premier lieu, en ce qui concerne les prestations en elles-mêmes, elles sont souvent très loin de ce que pourraît attendre un client. La promesse d'argent facile entraîne une multitude de jeunes garçons à s'improviser guide sans en avoir la moindre compétence. Ils se contentent donc le plus souvent de vous montrer le chemin, de vous donner deux-trois infos, comme par exemple "voici la place du village", "ici, c'est l'école" ou encore "Ca, c'est des chèvres !". En fin de compte, si vous arrivez à obtenir de votre guide les infos qui se trouvent dans votre lonely planet, routard ou autre guide vous pouvez déjà vous estimer heureux.

Il n'est pas rare que votre guide "officiel" soit accompagné par un ou deux autres garçons qui à la fin bien sûr vous réclameront "cadeau"... Leur expliquer que dès le début ils savaient que vous aviez un autre guide ne servira pas à grand chose, si ce n'est à vous en débarraser... à moins, à moins que les prochains touristes réagissent de même, jusqu'à ce que ces petits parasites comprennent que ce n'est pas en suivant 5 touristes déjà accompagnés d'un guide qu'ils se feront de l'argent. Mais, malheureusement, la culpabilité aidant, l'aggacement aussi, la plupart des touristes craquent...



Autre aspect pénible et quelque peu déprimant du tourisme en Afrique : les vendeurs de souvenirs qui selon les propres propos de l'un deux "insistent comme des requins jusqu'à ce que le client craque et leur achète un truc". Car ici, l'intérêt du client ne compte guère, c'est avant tout vendre qui compte (c'est du commerce me direz vous). Tous les moyens sont bons. Du simple "viens voir juste pour le plaisir des yeux"... et après on ne te lache plus. Jusqu'au chantage culpabilisant du genre "Si tu n'en veux pas, achète juste pour me faire plaisirs, mon frère est malade" (ou ma mère est morte, mes enfants n'ont pas mangé depuis 2 jours, etc, etc.), en passant par la technique de notre ami Abou, avec qui nous avons passé 2 jours à Iférouane et qui le dernier soir, alors que nous mangeons avec tout le monde (nos hotes touaregs) nous demande de le rejoindre discrétement derrière la maison car il a un cadeau à nous faire (mais il ne veut pas faire ça devant tout le monde).

On sent un peu le coup foireux venir, mais d'un autre côté on vient de passer 2 jours entiers en sa compagnie, on a passé des bons moments, bref on y va. Arrivés derrière la maison il nous offre trois bracelets, assez jolis il faut le reconnaître. Je lui dis que je suis un peu gêné car nous, nous n'avons rien en échange.

Pas de problème, pas de problème, un cadeau c'est pas pour recevoir quelque chose en échange.

Et là, magie, notre Abou déploie son tapis aux merveilles et ses bijoux s'étalent devant nos yeux mi-amusés, mi-désabusés. "Aller vous allez, bien m'en prendre un petit chacun non ? deux même, ça serait mieux !"



Merci Abou pour le cadeau ! (bon comme ses bijoux étaient plutôt jolis on en a pris un chacun, et puis on avait pas envie de s'embrouiller à lui faire la morale après deux jours passés en sa compagnie... avec le recul on aurait peut être du, mais si tu passes ton temps à faire la morale aux gens qui font des choses incorrectes, tu n'en fini plus, malheureusement).

Issoufou, notre ami touareg et hôte à Agadez, après avoir visité avec nous un village aux alentours de Niamey, village où nous avons dormi et mangé, m'a fait remarquer : "vraiment les touristes, vraiment vous souffrez beaucoup en Afrique".
Merci de ta compassion Issouf. Faut dire que ces deux jours à Boubon (allez lachons le mot) avaient été corsés !


La bande presque au complet après une nuit de tempête sur l'île Boubon (un petit air de Ko-lanta, non ?)

Le patron du campement où nous avons dormi est gentiment venu nous chercher à Niamey, contre rémunération bien sûr, mais pas trop cher. Premieres impressions plutôt bonnes donc, d'autant plus que nous lui avons annoncés dans un second coup de fil que nous étions 6 au lieu de 3 et qu'il n'a pas augmenté son prix.

Tout aussi gentiment il nous a expliqué que vraiment, il était gentil, car avec le prix qu'il nous faisait payer, vraiment il ne rentrait pas dans ses frais (avec 7000 francs, le prix que nous avons payé, on a environs 13 litres d'essence. L'aller-retour Boubon-Niamey fait 40 kms. Sur ces faits, une question : pourquoi nous dire qu'il ne rentre pas dans ses frais alors que c'est faux et qu'il n'essaie pas de monter son prix, que nous n'avons pas marchandé ? Désolé, je n'ai pas la réponse. Peut être voulait-il tout simplement nous faire plaisirs, mais bon....)
De plus en plus sympa, le gars nous dis qu'il préfère qu'on achète pas d'eau pour en acheter chez lui... bien sûr il nous dis pas que le lendemain matin, la facture indiquera 1200 francs par bouteille, soit plus du double du prix d'achat au bord de la route. Bref, nous sommes un peu pris en otages (cette malhonnêteté a particulièrement touché Issouf, d'autant plus que l'on a rien pu dire car au matin, le patron n'était plus là).
Ensuite la visite du village des potiers, s'était là (le guide lui aussi a essayer de nous expliquer que par rapport aux autres touristes on était vraiment de gros radins... Arf, ma couverture est démasquée, oui les ignobles touristes qui ne donnent que 500 francs à la potière c'est bel et bien nous autres !!!!).
Enfin, le lendemain matin, gamins collants, chauffeur de taxi-brousse moyennement honnête, enfin de quoi désespérer le pauvre Issouf. D'autant plus que même si nous étions alors loin de sa région, cela reste son pays, et ça doit lui faire un peu mal au coeur de voir ses invités traités de la sorte.

Comme si Issouf venait se ballader chez nous, à Grenoble par exemple, et que des petits gars en bleu lui réclamaient ses papiers tous les 5 minutes.... on serait géner non ? et bah lui c'est pareil !

Peut être aussi son malaise vient-il de voir à quel point la pauvreté, le manque d'éducation et une certaine misère poussent les gens, enfants et adultes, à agir ainsi, perdant toute dignité.

Car, si le touriste souffre Issouf, ce n'est qu'un moindre mal. Si l'Afrique ne souffrait pas, on n'en serait sans doute pas là. Et, même si tous ces petits guides inutiles, ces vendeurs pots de colles et tous ces gamins accrochés à tes basques te réclamant un cadeau m'exaspèrent parfois, comment leur en vouloir ?

(A ce niveau il est important de noter que cette description, qui est un peu l'image d'Epinal du tourisme dans les PMA -pays les moins avancés, je n'ai pas pu m'empêcher de glisser ce terme affreux mais réaliste que j'ai lu dernièrement dans un ouvrage sur le développement en Afrique - est vraie dans les lieux ultra touristique, mais que la plupart du temps, ce balader en Afrique ne reléve pas du parcours du combattant et, qu'en de nombreux endroits, les gens sont tout à fait charmants, accueillants et dignes).

Quand ils voient des gens avec un pouvoir d'achat 30 fois supérieur, et la plupart du temps n'ayant aucune idée de la valeur des choses en Afrique, débarquer chez eux, comment voulez-vous qu'ils n'essaient pas d'en profiter ?

De même, difficile de blâmer le touriste qui fraichement arrivé, a bien du mal à s'y retrouver avec les convertions, la valeur des choses, les stratégèmes employés par les guides pour soutirer un maximum... Bien sûr, l'idéal serait que les visiteurs prennent le temps de se renseigner avant d'arriver. Mais même dans ce cas là, ce n'est pas forcément évident de gérer le choc en arrivant, et de se défaire d'un sentiment poisseux de culpabilité devant la pauvreté des gens.

C'est facile pour nous, après 10 mois en Afrique de se rendre compte de ces choses là, de moins en moins dur aussi à gérer (même si des fois on a vraiment l'impression d'être des murs de glace mais bon...), mais je comprends le gars qui est là trois semaines et qui ne gére pas du tout.

Le malheur, le vrai malheur, ce n'est pas pour le touriste je pense, même si souvent les prestations sont loin d'être à la hauteur de ce que l'on pourrait attendre (sauf si l'on passe par une agence qui organise tout, mais là, c'est encore plus dur de se rendre compte de la réalité africaine je pense. Après, pour des vacances, j'en viens presque à conseiller ce mode de tourisme... ).
Non le malheur c'est bel et bien pour l'Afrique qui est parfois littéralement vidée de ses forces vives, les jeunes hommes et les adolescents étant attirés par les lumières éphémères des revenus énormes que peut offrir de travailler avec des blancs.
Ansi à Iférouane (village au coeur du massif de l'Aïr où passe de nombreux véhicules de touristes) nous avons eu le droit à un comité d'accueil au taquet (tout comme à Abarakan, le village précédent) composé d'au moins 4 forgerons nous présentant leur bijoux... ils ne travaillent pas ensemble mais vendent tous les mêmes bijoux. Nous, nous étions 3 ! Ils nous expliquent que vraiment il faut acheter car la vie est dure, la saison touristique est finie, ils faut qu'ils nourrissent leur famille, et patati et patata. Et bien écoute, si le tourisme ne nourrit pas son homme, retourne aux champs, bosser sur les chantiers, ou n'importe quoi d'autre plutôt que d'attendre le touriste comme un crev' sans rien foutre d'autre.

Car, ils ne foutent rien, ils attendent juste le touriste. Et pour la plupart ils se contentent d'acheter les bijoux à de vrais forgerons et à faire la finition. Ils forment finalement un petit groupe de fainéants cherchant l'argent facile et que le reste de la communauté souvent méprise, et jalouse aussi un peu.

Quand nous sommes arrivés à Timia, où Efat, un jadinier, nous a accueillis dans son camping qu'il a aménagé dans son jardin, quelle joie ! Joie de marcher avec lui au milieu des arbres fruitiers, des petits carrés de plantation irrigués patiement, de voir l'oeuvre du travail de l'homme, du vrai travail, celui qui peut nourrir l'Afrique, quelque soit les circonstances politiques ou conjoncturelles.



Il faut là aussi noter que jusqu'à aujourd'hui Efat, à la saison touristique, préférait quitter son jardin pour aller travailler comme cuisto ou accompagnateur dans les agences d'Agadez. Son projet de camping a justement pour but de lui apporter des revenus suplémentaires grace au tourisme, tout en continuant à travailler au jardin. Car ce jardin il l'aime, c'est certain. Et tout doute disparait quand il se met à vous parler du dernier arbre qu'il a planté, de la greffe qui va lui permettre d'obtenir de plus beaux fruits, de l'importance de protéger la vigne du vent, et bien d'autres choses encore. Un vrai et beau métier vraiment... rien à voir avec le chasse touriste (petit nom gaté donné à tous les parasites qui tournent autour du tourisme au Niger).

Car tous ces glandus qui attendent le touriste, le jour où celui ne vient plus car la situation du pays se trouble, qu'est ce qu'ils font... ils sont dans la merde tout simplement !!!

Bref, à mon humble avis, le tourisme à outrance tue la productivité de certaine région en Afrique. Bien sûr le secteur touristique est un secteur économique important, mais il n'y a pas de place pour tout le monde et, surtout, ce n'est pas ça qui fera avancer le développement.
Bien sûr il existe des projets de tourisme équitable qui marchent (cf les Balé Mountain en Ethiopie), mais même dans ces cas-là, souvent on se rend malheureusement compte que ce qui intéressent vraiment les personnes qui y participent, c'est leur propre intérêt avant tout.

Deux exemples :

Cocobeach est une plage privée, gérée par une association de volontaire dont l'intitulé est : association des jeunes volontaires pour le développement du littoral marin et la promotion des loisirs.



Nous avons logé là-bas pendant une semaine. Super accueil et cadre vraiment sympa.
Après quelques jours je demande à Tony comment ils agissent pour le développement du littoral, s'ils interviennent auprès des jeunes pour les sensibiliser à la protection des côtes, etc...
Incompréhension dans le regard de Tony. Non, non, le but de l'asso est de développer LEUR bout de littoral, pour pouvoir faire payer le droit d'accès plus cher et gagner plus d'argent... Ahhhhhh, ok, et moi qui bêtement pensais que c'était un projet de tourisme durable et équitable !
Bon cela n'enlève rien au fait qu'on y a passer un bon moment et que Tony et Antoine nous ont vraiment accueillis comme des rois

Deuxième exemple, Kouma-Konda et l'AGKK (association des guides de Kouma-Konda).

Kouma-Konda est un minuscule village dans la région de Kpalimé au Togo. Ce petit village est internationalement connu (du moins par ceux qui projettent de visiter le Togo) car un homme y a développé le tourisme, mais contrairement à beaucoup d'endroit dans le monde, ce n'est pas le cadre (aussi joli soit-il) ou encore un quelconque intérêt touristique majeur qui lui à donner cette idée, mais tout simplement une passion pour les papillons et la forêt.




C'est exeptionnellement rare. Un guide passionné en Afrique ! Un guide qui a commencé son activité avant l'arrivée massive des touristes ! Car Proper, c'est son nom, est encore et toujours guide. Et comme c'est un bon guide la renommée de Kouma-Konda n'a cessé d'augmenter par le bouche à oreille, les guides de voyages etc...

Devant cette aflux de touristes, les hommes du villages se sont mis eux-aussi à s'intéresser aux papillons et surtout, aux touristes.

En peu de temps tout le monde s'est mis à attraper des papillons et à vendre des vitrines d'insectes épinglés. Rapidement des conflits ont éclaté dans le village car il y avait plus de guides que de touristes (Kouma-Konda a beau être internationalement connu, le Togo n'est pas une destination touristique majeure). Et les guides se disputaient les quelques-uns atteignant le village et essayaient de les récupérer avant qu'ils trouvent Proper. De plus, nombres d'entre aux étaient évidemment incompétents et nuisaient à la réputation du village. Lui-même, fort de sa réputation restait au-dessus de tout ça et devant les problèmes que rencontraient la communauté il proposa aux guides de se former en association, association qui pourrait aussi participer au développement du village.

C'est ce que firent les guides. Et il faut reconnaître qu'ils y sont plutôt bien arrivés. L'association propose maintenant des excursions bien définies, emprutant des sentiers entretenus par leur soin et passant par des sites qu'ils ont amménagés. Chaque jour, un ou plusieurs guides assurent une permanence et ainsi cela évite les disputes entre guides. A la fin du mois, les revenus de l'association sont partagés entre les guides et une partie est réservé pour l'entretien des sites et des sentiers, et une autre pour le développement des villages aux alentours. Vraiment très bien.
Nous avons fait une petite balade avec eux et c'était vraiment bien et intéressant.



Malheureusement il y a aussi quelques bas qui blessent. L'existence de cette association n'empeche certains de ses membres de mentir effrontement pour appater le client, et même essayer de squizer le tour d'un autre (nous en avons été témoins).
Prosper, lui, n'a pas jugé bon de rejoindre les rangs de cette association. Pas très partageur. Peut être. Mais d'un autre côté, sans lui, le village ne se serait jamais développé, la plupart des activités que l'association propose sont des redites de ce qu'a fait Prosper. Bref je comprends qu'ayant développé un business, ce l'étant fait quelque plagié, ayant aidé les jeunes guides à s'organiser, il souhaite tout de même garder une petite part pour lui, d'autant plus qu'il participe lui aussi à la sauvegarde du couvert forestier de la région à travers une autre association, composée des anciens du village (nous avons pu assister - de loin - à une de leurs réunions).
Du coup, les jeunes guides, tout en reprenant l'essentiel des choses développées par Prosper, dont tout pour le dénigrer auprès des touristes, l'accusent de tous les maux, comme d'utiliser leurs sentiers sans leur verser de redevance, de ne pas proposer de circuit originaux, de n'aimer que le fric.
Peut-être, difficile de se faire une idée en deux jours. Quoiqu'il en soit, ces multiples remarques de notre guide à la fin de notre ballade avec l'AGKK, nous ont un peu agacés. Nous avons donc décidé de faire une ballade avec Prosper deux jours plus tard.
Premièrement il ne nous a jamais fait passé aux mêmes endroits et la plupart du temps nous avons évolués au sein de zones forestières non aménagées.
Deuxièmement, le dénommé Prosper nous a demandé quelle genre de visite nous avions fait avec l'AGKK (sans s'offusquer aucunement que nous ayons aussi fait une visite avec "ses concurents", qu'il autorise d'ailleur à venir chercher des clients dans sa propre auberge) et une fois renseignement pris, nous a offert quelque chose de complétement différent.
Troisièmement, si il est indéniable que l'argent l'intéresse (mais qui n'est pas intéressé par l'argent), nous n'avons jamais rencontré un guide durant tout notre voyage qui fait passer avec une telle passion les informations. Ou il est excellent comédien, ou vraiment il aime "sa" forêt et tout ce que l'on peut y trouver.

Bref, nombre d'accusation portées contre Prosper par notre premier guide étaient fausses et ce genre de comportement est, je pense, plutôt dommageable pour l'activité touristique en général.
De plus, du moment où nous sommes partis avec Prosper, les autres guides ne nous ont plus adressé la parole, comme si cela était un péché mortel de les "trahir" (c'est comme ça qu'ils semblaient le prendre en tout cas).

Ce cas illustre donc assez bien le genre de jalousie qui peuvent se développer dans un village du fait du tourisme.

Mais qu'en est-il du développement durable et du tourisme équitable que j'étais sensé illustrer avec cette exemple (euh oui, je me suis un peu dispersé...).
Nous avons vu qu'une partie des revenus était sensée aller à des initiatives de développement, qu'une autre était pour l'entretien et que le reste était partagé entre les guides. Très bien.

Malheureusement là encore certaines choses sont assez bizarres : les membres de l'association quand ils ne travaillent pas avec les touristes sont pour la plupart poster à l'entrée du village, comme de vulgaires rabatteurs, à tapper le carton. D'autre sont sur la place, à rien foutre non plus... Pourquoi ne profitent-ils pas de leur temps pour élaborer des projets, participer à des actions ? Honnêtement je pense que pour beaucoup, l'association n'a d'autre but que de leur apporter un revenu ce qui peut paraître normal. Certains, quand ils ne travaillent pas, restent dans leurs villages situés aux alentours, et cultivent leurs champs. Mais beaucoup d'autre, attendent juste en glandant le client... en tout cas nul part nous n'avons vu un début d'action de développement durable (nous n'étions là que 3 jours, mais l'impression générale était tout de même plutôt celle d'une bande organisée pour chopper du client et glander le reste du temps).

Ce dernier exemple est donc entre deux impressions, une gestion tout de même plutôt bonne du tourisme, mais avec encore quelques problèmes récurents, peut être tout simplement propre à l'activité touristique quelque soit le lieu. Ce qui est vraiment dommage ici, c'est de voir comment le tourisme attire toutes les forces vives du coin sans que les personnes y participant ne se rendent comptent qu'il n'y a pas de place pour tout le monde et que leur énergie (sic) pourrait être plus utile ailleur.

Voilà. Après dix mois de voyage en Afrique nous en sommes arrivés à nous demander si le tourisme était vraiment une bonne chose pour le continent, du moins géré comme il l'est. Peut être est-ce par ce que nous avons toujours affaire aux petits guides non officiels, étant donné notre budget. Le voyage par agence permet d'éviter ce genre d'impression, mais la plupart du temps les populations n'en profitent absolument pas. Le tourisme équitable pourraît être la solution, mais il faudrait qu'il soit professionnalisé et ne serve pas uniquement d'outil marketing (et là ce ne sont pas les grosses agences que je vise mais plutôt certains petits projets bidons).

02 juin 2007

choc thermique

Bonjour a tous,
Encore un post purement informatif quant au devenir du Babuvati, cet être etrange et mystérieux qui après vous avoir abreuvés (peut être gavés) de post a rallonge ne donne plus que quelques nouvelles sporadiques et fort breves.
Le Babuvati, apres une adaptation climatique rapide aux temperatures nigeriennes (environs 40° degrés en moyenne, avec des pointes a 50, sans probleme) a bien failli mourrir de froid ce matin en passant 7 heures dans un bus climatisé (on a pas fait expres) a peu etre 23 degrés, pour rejoindre Ougadougou, Burkina-Fasso.
Ici il semble qu'internet soit plus adapté au travail de fond du Babuvati qiu va donc devoir remettre son double cerveau de sciapode bicephale en marche apres quelques semaines d'innactivités... on ne sait pas encore ce qu'il va en sortir, mais sans doute des larmes, du sang, de l'aventure, des rires, de la joie et surtout plein plein de decouverte (et aussi peut etre quelques reflexions sur les méfaits et bienfaits du tourisme, la vie politique africaine, une anthologie de Pierre Rabhi par Vabu (merci romain le botaniste, non non pas doit Nanard, les remerciement arrivent plus tard !) ).... bref du pain sur la planche !

Voila, bon Rom', tu n'auras pas trop a attendre pour les remerciement ! donc on remercie Rom', notre quatrieme invité en terre africaine (ou 7eme plutot, les parents a chaque fois ca en fait deux) avec qui on vient de passer 3 exelentes au Niger.
On remercie aussi et surtout Issoufou qui nous accueilli dans sa famille a Agadez et avec qui nous avons encore passé beacoup de temps a Niamey ! Merci merci !

Bon vent a tous et a bientot,

Le Babuvati