07 octobre 2006

Les Bushmen

WARNING : CULTURAL POST

LES SANS ou BUSHMEN




Un peu d`histoire ne fait jamais de mal, pres a suivre le professeur VatiBuba (une autre facette de notre sciapode bicephale voyageur), alors c`est parti !
Voila ce que nos guides, Power le Besotho (habitant du Lesotho) et Hinn, petit fils d`immigres ecossais, nous ont appris sur le peuple des Sans (ou Bushmen), avec parfois quelques informations contradictoires (les dates ne sont ainsi pas sure du tout, on vous laisse donc chercher par vous meme si cela vous interesse):


Hinn, notre guide a Sani Pass


Power, notre guide Basotho du Lesotho

Les Sans, ou Bushmen, sont les premiers habitants averes d`Afrique Australe. Leur couleur de peaux etait plutot jaune que brune, ils etaient de petite taille et avaient de grosses fesses et de gros seins (enfin c`est ce qu`on a compris sur le coup... mais nos deux guides etaient d accord sur ce point en tout cas).
Ils vivaient de la cueillette et de la chasse, etaient organises en tout petits groupes nomades d`une dizaine d`individus (une famille elargie). La petite taille de ces groupes avaient une double utilite :
- chasser en petit groupe est plus facile car on est moins reperable.
- un petit groupe est plus facile a nourir et la disette est moins a craindre.
Pour la chasse, ils utilisaient essentiellement des arcs courts et des fleches de manufacture tres avancees. ils faisaient un grand usage des poisons qu`ils tiraient de sucs vegetaux, de venins d`animaux et meme des mineraux. Selon Power, les doses utilisees ne tuaient pas directement les proies mais les abrutissaient, ce qui explique que les Sans ne s`empoisonnaient pas eux-memes. Pour Hinn, les doses etaient mortelles mais le poison ne touchait pas toutes les parties (Pour notre part on trouve celle de Power un peu plus logique mais bon...)
Les Sans geraient leurs ressources avec une intelligence dont nos civilisations devraient s`inspirer : ainsi ils s`interdisaient de tuer les aninaux trop jeunes afin d`assurer la reproduction de leur garde-manger. Leur gibier etait essentiellement constitue de divers espece d`antilope parmi lesquelles l`elan etait le plus important.



Les traces laissees par les Sans sont des peintures rupestres dessinees sur les paroies de grottes ou d`abris rocheux datant pour les plus anciennes de 8000 ans ( c`est ce que nous avions compris lors des exposes oraux que nos deux guides nous ont offert, cependant au musee de Cape Town nous avons vu des peintures apparement beaucoup plus ancienne - 80 000 ans pour la plus vielle, donc il faudrait faire quelques recherches la dessus).
Ces peintures representent pour la plupart des animaux et des hommes.


Springboks a Sani Pass


Groupe de Sans armes de leurs arcs a Sani Pass

Il existe aussi des representations d`animaux ou de personnages mythiques qui etaient dessinees par les shammans suite a leur transe. ils retransmettaient ainsi le message des esprits.


Shamman en transe

Les raisons de ces peintures sont multiples :
- elles avaient une utilite pratique et permettaient de renseigner les groupes sur la presence, l`abondance et le type de gibier dans tel ou tel coin.
- une fonction magique : elles assuraient de fixer l`esprit des animaux morts afin que ceux-ci n`harcellent pas les chasseurs. Cela donnait aussi une premiere existence aux animaux et assurait la presence reelle de gibier (dans un livre consulte en librairie, cette interpretation est consideree comme peut sure car venant directement des hypotheses concernant les peuples prehistoriques europeens).
- une fonction religieuse : communication avec les esprits a travers les transes des shammans et adorations des elans, animal-totem des Sans. On peut noter ici que dans leurs croyances, les morts se reincarnaient en animaux et plus particulierement en Elans. Ainsi en consommant la viande de ces derniers les Sans se reappropriaient un peu l`esprit de leurs ancetres. Ce culte des ancetres etaient essentiellement spirituel, aucun tombeau n`a ete retrouve et certains chercheurs en ont conclu que les corps etaient abandonnes a la riviere.
Pour finir sur cette digression a propos des elans, cette importance qui leur etait accordee provient sans doute de la taille de l`animal (le male peut atteindre entre 750 kg et 900 kg selon les sources) qui en faisait une proie de choix.


representation d'Elan au Lesotho

Toutes ces peintures sont tres stylisees et se retrouvent partout en afrique australe avec une ressemblance etonnante malgre la distance les separant.
Enfin d`un point de vue ideologique, les Sans ignoraient le concept de propriete privee. La nature appartenait a tous et tant qu`un animal etait vivant n`importe qui pouvait le tuer. Meme une fois tuee, une proie n`etait pas la propriete du chasseur et l`animal etait partage avec toute la communaute. Les Sans etaient donc un peuple assez pacifique.
Ce pacifisme et l`absence de concept de propriete explique la triste suite de l`Histoire des Sans.
Au XVIeme siecle, l`arrivee de peuples Bantou (peuples originaires de l`Afrique de l`ouest qui migrerent en afrique australe et de l`est), nommes Ngunis (dont font partis les Zulus, les Xhosas et les Besothos, peuples actuels vivant en Afrique du Sud) destabilisa le mode de vie seculaire des Sans. Les Ngunis etaient des eleveurs semi-nomade qui suivaient leur troupeux de betail a la recherche de paturage. Ils deciderent de s`installer sur les terres des Sans qui etaient riches et fertiles.
Les Sans n`y virent aucun inconvenient. En effet les troupeaux de betail, qui comme tous les autres animaux n`appartenaient a personne, ou plutot a tout le monde, leur offraient une quantite phenomenale de gibier docile a souhait. Bien sur, pour les Ngunis le concept de propriete etait une chose bien etablie et les Sans n`apparurent a leurs yeux que comme de simples voleurs de betail. Le conflit etait innevitable.
On remarque ainsi de nombreuses scenes d`attaque de troupeaux dans les peintures Sans. On y voit les Sans figures comme des hommes-fleches attaquant les troupeaux sur lesquels sont surdessines les guerriers Zulus. Ces derniers etaient beaucoup plus grands et plus fort que les Sans et ainsi ils sont representes comme des geants aux formes epaisses (et eux aussi avec des posterieurs impressionants).


Guerrier Zulu (le gros) attaque par des Sans

Les Ngunis etaient des guerriers depuis des siecles. Le pacifisme ancestral des Sans, leur physique et la petite taille de leurs groupes jouerent en leur defaveur et le conflit se transforma vite en chasse a l`homme. Les Sans fuirent donc vers les sommets et le Bush ou la vie etaient plus dure.
Quelques temps plus tard (1840 a peu pres) les Boers arriverent et les choses empirerent pour les Sans. Ces derniers tentaient aussi de voler les boeufs des colons hollandais, mais la repressions fut encore plus feroce et les armes a feu des blans firent des ravages. Les Boers decimerent les troupeaux de gibier provoquant la fuite definitive des Sans vers le nord ou certains des leurs vivaient deja depuis des siecles (cette histoire des Sans est celle, tres locale, du Drakensberg et du Lesotho, desole de le preciser un peu tard).
Il semble ainsi que les derniers Sans est definitivement disparus du Drakensberg dans les annees 1870. De cette coexistence entre blancs et Sans il reste quelques peintures etonnantes de creatures au corps de chevaux et au buste humain (comme des centaures en quelques sorte).


Homme-Cheval a Sani Pass

Les Sans n`avaient en effet jamais vu de cavaliers et pour eux monteur et monture ne faisaient qu`un. Cette coexistence a aussi laisse des recits de Boers et de missionaires qui decrivent la civilisation des Sans. Ce sont ces textes qui completent les sources dont disposent les chercheurs, sources qui sont essentiellement les peintures.
Les informations de Hinn proviennent du travail de ces chercheurs tandis que celles de Power viennent des traditions orales transmises de generations en generations dans les familles Besothos.
Aujourd`hui les derniers Sans vivent en Namibie et au Botswana dans des reserves, souvent a proximite des parcs nationaux ou des games reserves. La chasse leur est donc interdite, ils n`ont rien a faire et beaucoup ont sombre dans la drogue et l`alcoolisme. Beaucoup de Sans se sont aussi fondus dans le reste de la population, abandonnant leur mode de vie devenu impossible face a la reduction des espaces non prives et a la disparition du gibier.

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