De retour du pays des sangsues et après une nuit de repos à Sambava, le Babuvati s'apprête à rejoindre Diego. Sur la carte, un peu plus de 450 km, en pratique, cela va être 20 heures de voyage !
Dès le départ, on est mis dans l'ambiance. initialement prévu à 10 heure du mat', nous quittons Sambava à 12h30 : on nous avait prévenu qu'ici l'heure de départ n'est qu'approximative et dépend plus de la rapidité de remplissage des véhicules que d'un horaire précis. Pas grave, on a le temps pour nous de toute façon.
C'est confortablement installés à l'avant de la 504 bachée que nous quittons Sambava : Au revoir paysages verts intenses, palmiers, rizières et humidité, nous partons pour le nord ouest et rapidement le décors se fait plus sec et le vert laisse la place à la brousse jaune et rouge ! Nous rejoignons Vohémar par une bonne route goudronnée où la seule perte de temps notable est due aux multiples controles de police et de l'armée, qui, en échange d'un peu de complaisance à l'égard de la surcharge évidente du véhicule, se font un bon petit plus sur leur salaire... c'est pas vraiment de la corruption mais plutôt un système bien établi, qui disons le, emmerde bien les chauffeurs tout de même. Enfin, les multiples backchishs sont compris dans le prix du billet, donc bon...
C'est après Vohémar que les choses se compliquent. Nous quittons alors la côte de la vanille et avec elle, le goudron. Là, la véritable brousse commence, un chemin ocre nous attend et après un rapide plat de riz pour le chauffeur nous nous engageons sur la piste avec la fin d'après midi et une lumière incroyable baignant des paysages de collines couvertes de paturages et de troupeaux de zébus, accompagnés de leur pic-boeuf respectifs (une espèce de Héron qui vit en symbiose avec les zébus). La lumière s'etteind peu à peu, les villages aussi car l'électricité n'est pas encore arrivée jusqu'ici.
Puis, c'est le Paris-Dakar en 504 bachée. La piste se dégrade petit à petit et après quelques km le chauffeur nous annonce que dans 10 km la route va devenir mauvaise. On ne le comprend pas toujours très bien, et au début, étant donné l'état actuel de la piste, je pense qu'il veut dire que pendant 10 km celle-ci n'est pas bonne : mais non ! au bout des 10 km annoncés, la piste se transforme bel et bien en champs de bosse digne d'une piste noire, vraiment ! sauf que les bosses ici, c'est des pierres énormes entre lesquelles notre chauffeur jongle comme il peut ! c'est parti pour 10 heures sur ce terrain difficile. le pilote est accompagné dans sa tache par un assistant qui passe son temps d'un coté ou de l'autre du capot ou de la bache pour faire contrepoid et permettre au véhicule de passer les obstacles uns à uns. Au bout d'un moment, nous nous retrouvons à l'arrière du baché, avec les 20 autres personnes, et c'est parti pour une nuit sans fin, mais tout de même avec quelques instants mystiques, comme les pauses pousse-504 sous la miriade d'étoiles qui remplie le ciel ! La musique nous accompagne tout au long du trajet : ca va du salegy (repris par certains) à Rock Voisine (repris aussi, par les mêmes !) en passant par Bob Marley (Africa United)...
Après 150 km et 10 heures donc (on vous passe la poussière et les cahots brise-reins), nous atteignons Ambilobe, où le véhicule qui doit nous emmener jusqu'à Diego est, évidemment, en panne ! c'est parti pour une attente de 2 heures, en pleine nuit, dans un bled glauque au possible. Au bout d'un moment, notre chauffeur dégotte enfin un taxi-brousse en état de marche pour Diego-suarez et c'est coatchés par un rabatteur-chargeur de bagage surexcité, sans doute par le kat, que nous chargeons et embarquons dans le mini-bus. Après trois heures qui nous parraissent interminable, d'autant plus que le soleil espéré après nos deux semaines sur la cote est n'est pas au rendez vous, nous arrivons à Diego sous la pluie ! Dommage !
Bref, une bonne petite nuit blanche, ça ne fait pas de mal ! (blanche tout dépend pour qui, le Bati a réussi à caler quelques heures de sommeil... peut être l'effet des effluves d'échappement au dessus desquelles il se trouvait, accroché au bastinguage de l'arrière du baché)
11 août 2006
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