babuvati bat' un carré: Les Ethiopiques- 4 Tourisme et developpement dans les montagnes du Bale

Les montagnes du Bale sont un vaste massif situe au coeur du pays Oromo. Il est constitue essentiellement de haut-plateaux qui s'etendent entre 3000 et 3700 metres d'altitude et recouvrent un immense territoire : C'est la plus vaste zone afro-alpine de toute l'Ethiopie.

Les populations y vivent de l'elevage (moutons, chevres et vaches) et de l'agriculture (orge, ble, inset ou faux bananier, ognons et choux). De nombreuses familles possedent aussi des chevaux et des anes qui sont le principal moyen de transport et de portage a ces altitudes.

Elles sont pour une grande part dependantes de la foret s'etendant en-dessous de 3300 metres. Celles-ci leur fourni un nombre impressionant de plantes medicinales, mais aussi et surtout du bois, pour se chauffer et pour les constructions.

En tant que source de bien et de nourriture, cette foret est fortement menacee. Or, sans rentrer dans les details, le phenomene de deforestation est une catastrophe sans nom pour toutes les regions qui le subissent. Entre autre la deforestation favorise l'erosion et l'appauvrissement des sols, et, phenomene moins connu, une diminution des precipitations. Sans parler de la disparition de toutes les ressources fournies par la foret.

Afin de participer a la lutte contre cette menace, un projet d'ecotourisme a ete mis en place il y a 10 ans (par une ONG allemande mais maintenant autogere par les habitants de la region). Il consiste d'une part a apprendre aux habitants a gerer correctement la foret, et d'autre part a leur fournir de nouvelles ressources, en cash, par l'intermediaire du tourisme, ce dernier etant directement dependant du maintient de la foret.

Au niveau de la gestion de la foret, nous n'avons pas pu en apprendre beaucoup, mais deux actions au moins ont ete entreprises. La premiere concerne directement l'utilisation des ressources : seuls les habitants de la foret ont le droit d'exploiter le bois, les autres doivent leur acheter. Ce qui permet de diminuer la pression exercee directement sur la foret et que ceux qui l'exploitent savent exactement ou en est cette exploitation. De plus, seuls les arbres morts ou deja ancien ont le droit d'etre exploites.

La seconde, de sensibilisation, a consiste a emmener au Siemen certains des habitants de la foret, a leur montrer et leur expliquer les effets de la deforestation (le Siemen est totalement deboise). En rentrant ils ont pu raconter leur experience aux autres habitants et, une fois que l’on a vu la catastrophe qu’entrainait le phenomene, on a pas envie de s’y risquer : d’ou une auto-gestion efficace de leur patrimoine.

D’un point de vue touristique, le projet a mis au point un reseau de circuits reliant differents refuges. Le touriste peut utiliser le service de chevaux (et de leurs assistants). Chaque soir, il arrive dans un refuge parfaitement tenu, avec possibilite de se doucher a l’eau chaude, de se chauffer aupres du poele, de cuisiner, et de dormir dans un bon lit bien moelleux (il a juste manqué la brique rouge chauffee pour mettre au fond du lit, comme chez la memere Lulu a Neuilly). Quand on connait le niveau moyen de l’hotellerie en Ethiopie (assez mediocre), il est tout a fait etonnant de trouver ce confort loin de tout.

Soiree lampe a petrole au coin du feu de bois

Pour etre sur que toute la communaute en profite, chaque service est paye directement au prestataire et non a l’office principal. De meme, chaque jour, on change de chevaux et de muletier afin que dans chaque village, les gens puissent profiter des revenus du tourisme et non uniquement la communaute de la ville de depart.

Deux muletiers

Une partie des revenus des refuges est reinvestie dans des dispensaires ou des ecoles construits a proximite des villages.

Enfin, afin de maintenir la qualite des services (qui a malheureusement tendance a vite se degrader dans ce type de projet menes en Afrique), un systeme de penalite tres précis a etait etabli. Pour tel manquement, telle penalite sur le payement, c’est dur, c’est rigide, c’est allemand, mais ca marche ! (pour nos amis germaniques, vous vous doutez bien que ce n’est qu’une taquinerie gentillette !).

Bref, le tout forme un bel exemple d’ecotourisme et de developpement durable. Malheureusement, il y a quelques bas qui blessent, entre autre au niveau de la tenue des refuges. Pour la plupart, le service y est irreproachable, mais le probleme est celui du personnel…

Une de nos hotesse

Les hommes, qui en sont les proprietaires ne font souvent rien et recoivent tous les benefices, parfois ne sont meme pas presents. L’essentiel du boulot revient donc sur les femmes (on est en region musulmane, et la plupart de proprietaire en ont plusieurs. Ici, les femmes ne vivent pas ensemble, et souvent l’homme vit avec sa femme citadine pendant que les autres se tuent au travail dans les montagnes). Celles-ci, deja debordees, transferent le travail sur les enfants, et ils nous est arrive d’etre entierement pris en charge par des gamins de 10 ans, qui doivent interrompre leur travail scolaire pour s’occuper des hotes.

Devoir a la lumiere de la lampe

Forcement pour un projet de developpement cela ne fait pas bien serieux. Mais ici la vie est comme ca et quand nous en avons parle aux femmes, celles-ci n'avaient pas l'air de comprendre notre etonnement vis-a-vis de la situation. Notre guide lui semblait nous entendre, mais lui a etait eduque, la plupart des habitants du Bale non. Et avant de changer les mentalites, c'est pas gagne !

Mis a part l'aspect technique, le pays des Bale est tres joli, si vous avez de la chance vous pouvez rencontrer le loup d'abyssinie ou le nyala des montagnes. Especes endemiques a l'Ethiopie. Si vous le desirez, vous pouvez gouter au porridge local, avec du beurre rance fondu ou le
pain local egalement, galette d'orge ou de ble pas mauvaise.

Le porridge au beurre fondu, ca calle pour la journee

Les paysages nous ont fait penser au Vercors et bien sur le Babuvati s'est vu arpentant les Hauts plateaux de celui-ci, a cheval, cheveux au vent !!!! On reve !