Demain, nous partons pour les montagnes du Chercher, nous partons pour trois semaines de voyage vers la cite d’Harar.
Cite perdue entre les mondes musulmans et orthodoxes, a la frontiere somalie. Nous avons organise les resources, trouver un guide de ce peuple des Issas, cousins des Afars, et emprunte des chameaux pour supporter nos malles et nos pauvres corps qui vont souffrir apprement.
Nous allons partager cette caravane avec cinq autres personnes, deux sujets belges, prospecteurs de café pour le compte de leur Roi, et trois voyageurs au long cours.
Fodil, un vieux baroudeur francais, trafiquant d’armes et d’ivoire, Mark, jeune homme solitaire, a la decouverte du monde et Thomas, jeune aristocrate boheme de l’Empire Austro-hongrois, qui veut rejoindre la colonie anglaise d'Aden au sud-ouest de la peninsule arabique.
Le 10 Avril 1894
Apres les hauts plateaux d’Addis Ababa “la nouvelle fleur”, nouvelle capitale de MenelikII, empereur d’Abyssinie. Nous traversons une vaste etendue desertique, seul le cours de l'Awash nous semble irriguer cette vallee seche et poussiereuse. Certains chameliers refusant de marcher et quelqu'uns etant prets a deserter, nous avons du a plusieurs reprises ouvrir nos malles et donner quelques pieces en plus.
A travers la plaine, la tribu des Issas, vit et se deplace selon la nourriture et celle de leurs bestiaux ( chameaux et chevres). Ce sont leurs seuls biens. Ils sont d'une beaute apre et sauvage. Les hommes ont les cheveux boucles, mi-longs. Le teint hale et les traits fins. Ils portent une tunique de coton blanche, des sandales en cuir, un couteau long et courbe sur la hanche et un baton qu'ils tiennent le plus souvent dans le dos. Ils sont fins et elances. Les femmes ont egalement les traits tres fins et hales, cheveux tresses, elles portent un turban de couleur sur la tete et des tissus de coton pour le corps. Elles portent des bijoux de perles ou de materiel de recuperation tres bien agence.
Afars
Nous circulons ainsi de guera en guera (camp) guides par notre abban (guide) que l'on change de tribu en tribu. L'abban est un homme recommandable, connu des deux tribus et il connait l'endroit ou coulent les sources.
Quelques oasis, bordees de palmiers et de superbes arbres verts, dans les branches des singes noirs et blancs gambadent.
20 avril 1894
Des plaines tres ondulees ou descentes et montees se succedent a l'infini, succedent a la plaine desertique. La mission avance peniblement vers l'Est sous un soleil ardent, aux heures les plus chaudes, la marche de la colonne se fait encore plus lente.
Hier soir, pres du camp, une jeune fille atteinte de variole se baignait et reposait pres de la riviere aux eaux chaudes. Seulement durant la nuit, celle-ci fut devoree par les hyenes. Nous reprochions ce matin meme a nos guides, leur manque d'humanite. Ils nous ont seulement repondu qu'elle devait mourir de toutes facons.
Nous croisons des villages de ces pasteurs que l'on appelle Gallas ou Oromo. Maisons de branchages et de terre et crotins seches, ils cultivent egalement la terre en terrasse.
25 avril 1894
Nous arrivons a Harar en fin de matinee, dans la citee fortifiee, mosquees et eglise orthodoxe se cotoient. Nous sommes au pays des Hararis. Les femmes portent un costume colore et soigne, etroit pantalon en fuseau et tunique, parfois broche d'or. Elles portent le perpetuel voile en soie que les Harar importent depuis la nuit des temps. Harar, plaque tournante du commerce entre l'Afrique et l'Arabie, a toujours constitue une porte d'entree de l'Islam sur la corne de l'Afrique et plus en profondeur dans le continent.
Fondee au 7e siecle, elle fut gouvernee par des emirs arabes jusqu'en 1875. Cette cite etat fut fortifiee en erigeant une muraille de pierre percee de 5 portes, fermees la nuit et permettant de controler les flux et de se proteger de l'expantionisme Oromo. Elle etait interdite aux non musulmans, elle est consideree comme le 4eme lieu saint de l'Islam. Mais il y a 8 ans, Menelik II a defait les armees de l'emir et a nomme son cousin Ras Makonnen, gouverneur de cette nouvelle province ethiopienne. Celui-ci s'est alors empresse de raser la grande mosquee pour la remplacer par une vaste eglise.
A notre arrivee dans la cite sainte, une bande de gamins bruyants de surprise nous accueuillent, nous avons le plus grand mal a nous en debarrasser, malgre le savoir faire de notre compagnon Thomas. Chose faite, nous prenons nos quartiers dans la demeure de notre ami le sheick Omar el'Khayam, descendant de l'illustre poete persan.
Celui-ci nous entretient a loisir sur de nombreuses etrangetes de la cite. Ainsi, parmi d'autres, cette interdiction formelle d'introduire l'eau a l'interieur des enceintes de la ville. Selon la legende le jour ou cela se produira sera le debut du declin de la quatrieme ville sainte. En consequence, les habitants d'Harar - les habitantes surtout - sont forces d'aller effectuer toutes les basses besognes - lessives, vaisselles - ainsi que leur toilette et leurs besoins quotidiens en dehors de la cite. Celle-ci est effectivement construite autour de cinq sources sur lesquelles donnent les cinq portes et qui, bien evidement, ont donne l'organisation de la ville en cinq quartiers. Seule l'eau destinee a la cuisine et a la boisson est autorisee a penetrer la ville. Omar nous affirme qu'a son point de vue c'est une bonne chose. Deja, un petit Emir dont nous avons oublie le nom, s'est arroge le droit d'une citerne, et les alentours de sa demeure sont maintenant d'une insalubrite miserable. Sans parler des conflits qu'entrainent une telle forfaiture !
Apres quelques jours de repos chacun se separe, Fodil remonte vers le pays des Afar revendrent les armes qu'il a achete aux europeens venus du port d'Obock, Mark vers le sud en pays swahili, Thomas part en direction de Berbera. Nos deux amis belges prospecteront pour l'exportation de cafe arabica d'Harar. Nous, nous irons jusqu'a la mer, plein est.....
Ceci est une fiction historico-delirante. Certains passages sont veridiques, notament celui de la hyene (veridique il y a 100 ans, nous on a pas vu ca). C'est apres avoir passer presque une journee a la bibliotheque de la fausse maison de Rimbaud que le Babuvati a trouve l'inspiration et le plaggia (un tout petit peu seulement). Merci quand meme a
Mr Bardley "Notes sur Harar" 1900
Mr Duchesne-Fournet Jean "Mission en Ethiopie" 1901-1903
Deux extraits des textes de ces deux auteurs :
"Les Ogaden sont de grandes tailles, plus generalement rouges que noirs, gardent la tete nue et les cheveux courts, se drapent de tobes assez propres, portent a l’epaule le sigada, a la hanche le sabre et la gourde des ablutions, a la main la canne, la grande et la petite lance et marchent en sandalles.
Leur occupation journaliere est d’aller s’accroupir en groupe sous les arbres, a quelques distances du camp et les armes a la main de deliberer indefiniment sur leurs divers interets de pasteurs. Hors des séances, hors de la patrouille a cheval aux abreuvages et des razouas chez les voisins, ils sont completement inactifs.
Aux enfants et femmes est laisse le soin des bestiaux, la confection des ustensiles de ménage, le dressage des huttes et la mise em marche des caravanes. Ces ustensiles sont les vases a lait bien connus du Somali et les nattes de chameaux qui, montees sur des batons forment les maisons des garias passageres."
100 ans apres, c'est un peu la meme....
"Les colporteurs de l’exterieur entrent dans l’Ogaden par deux routes, une au nord-est de Barbera par Habr-Awal, l’autre de Mogadisho a Brawa. Ils transportent les marchandises a dos de chameaux ou d’anes, ou meme a l’epaule et circulent ainsi de gardia en gardia.
L’abban prend son salaire ou droit en marchandise du colporteur.
Hors de ce mode de circulation, il est impossible de parcourir l’Ogaden. Mais en choisissant bien ses Abbans, en suivant les conseils et en marchant selon les coutumes politiques et religieuses et le caractere des indigenes, nous sommes convaincus qu’un europeen, se presentant comme marchand et sans se presser franchirait aisement en deux-trois mois tout le continent de Harar a Braoua par la route des Ogaden.
Ceci exportent des plumes, ivoire, peaux de boeufs et de chevres, myrrhe, or, musc et café. Ils importent des tobes rayes, de la cotonnade, perles et tabac."
Certaines photos sont d'epoque et ont ete prises a la maison Rimbaud, on vous laisse trouver lesquelles.
Le repas des Hyenes. Ce n'est pas qu'une attraction touristique mais une reelle coutume harari. Selon la legende, lors d'une famine, de peur d'etre devores par les betes, les habitants prirent la decision de les nourrir. Depuis, la tradition se perpetue et un homme issu d'une lignee particuliere s'en charge tous les soirs, en profitant pour arrondir ses fins de mois avec les touristes de passage.
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